Avant de quitter Ankara Deniz et moi
avons fait le tour de nos endroits préférés : le hammam bien
entendu, visité tous les amis(es), vu à toutes les formalités
possibles et même rencontrer de nouveaux amis motards. Quand Deniz a
eu besoin d'un certificat médical, nous avons eu le plaisir de faire
la connaissance de Nazim, gentil médecin et membre actif du club de
moto d'Ankara (à majorité BMW). J'ai reluqué sa moto garée devant
la clinique, il est sorti reluquer la mienne : cinq minutes plus
tard Deniz avait son certificat médical et nous avions aussi une
invitation à nous joindre au souper hebdomadaire du club.
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Murat, Deniz et des amis |
Chaque soirée avant notre départ
étant consacrée à un souper amical, le grand au revoir devenait
une question de poids : vivement le régime frugal de la route.
Deniz avait accepté l'invitation d'un
groupe des Pays-Bas à un atelier-rencontre juste avant la date fixée
pour le départ de notre randonnée à travers les Balkans jusqu'en
Autriche. Pendant qu'elle participait aux activités là-bas je
découvrais encore d'autres coins merveilleux aux alentours
d'Istanbul en compagnie d'Ebru, sympathique Couchsurfer, une hôte
d'une générosité touchante. J'ai pu visiter les îles du Prince
ainsi que la côte européenne de la mer Noire, en attendant le
retour de ma douce. Notre dernier jour à Istanbul, dernier jour en
sol Turc, fut un rallye à travers la ville, occupé à passer un
dernier moment en compagnie de tous mes amis et la plupart des siens.
Déjeuner, dîner, souper, entre-coupé de thé, de café, et
toujours en excellente compagnie, des au revoir parfois émouvants,
la soirée c'est terminée par un doux concert de musique soufi dans
l’ambiance feutrée d'un café chaleureux.
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En arrivant à Meteora |
Nous avions planifié de faire une
première escale à Lagos, minuscule village Grec sis sur un
minuscule bras de terre séparant un grand lac d'eau salé de la mer
d'Égée. La traversée du petit poste frontière fut simple, rapide
et courtoise et nous avons bifurqué immédiatement sur la petite
route qui longe la côte et serpente entre les petits villages.
Panorama de fin du jour aux allures de film mélo-dramatique, la
ballade s'annonce grandiose, on se croirait dans Zorba le Grec. Lagos
donnait l'impression de vouloir s'éteindre tellement les quelques
habitants restants finissaient de souffler sur l'été qui prend fin.
Les deux seuls resto du village encore ouvert s'arrachaient tièdement
notre clientèle, comme deux voisins un peu las d'une vieille guerre.
Au matin on quitte Lagos à la
recherche d'un petit déjeuner convenable quand, à peine quelques
kilomètres de parcouru, l'eau se met à tomber du ciel, recouvert
d'un grand tapis gris foncé, comme si l'automne s'était levé en
même temps que nous.
Plus nous avancions, plus la pluie se faisait
intense. À un point tel que nous dûmes changer notre objectif du
jour qui était de se rendre jusqu'à Meteora. Nous fîmes donc étape
à Thessaloniki. Deniz était transie et trempée, moi un peu humide
mais très heureux de fermer le robinet de la douche froide pour
d'ouvrir celui de la chaude d'une douillette chambre d'hôtel.
Nous avons repris la route le lendemain
en jouant au chat avec les moutons célestes qui s'égaraient dans un
ciel percé par les montagnes, qui elle n'en finissaient plus de
tourner en montant. Les traversées de chaîne de montagnes sont
chaque fois un plaisir motocycliste indicible. Les suites de virages
interminables, dans un sens comme dans l'autre, procure une sensation
semblable à un manège de parc d'amusement, particulièrement quand
on arrive aux sommets et qu'on s’aperçoit de la hauteur à
laquelle on est rendu. L'air froid aussi nous le rappelle!
Et nous redescendîmes aux creux de la
vallée de Meteora en début d'après-midi par un soleil radieux. Ces
gigantesques pics rocheux sur lesquels, jadis, des communautés
religieuses ont réussi à édifier d'austères monastères, qui
semblent avoir été sculpté à même le roc, sont tout simplement
fabuleux!
Tellement que nous y sommes restés un jour de plus, à
randonner, à escalader, à se pâmer devant la splendeur de ces
merveilles. La région n'était pas sans rappeler la Cappadoce
turque, l’accueille en moins... Je dois avouer que de ce côté-là,
il n'y a pas de comparaison possible!
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Austère monastère |
La prochaine étape consistait à se
rendre jusqu'à Tiranë, la capitale de l'Albanie sise à son
extrémité nord, et s'annonçait plutôt fastidieuse.
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Sur la route de Tiranë |
Ce fut une des
plus belles randonnées que j'ai fait jusqu'à présent pendant la
première moitié du trajet. Longeant la mer Adriatique dans un
magnifique lacet de route à flanc de montagnes, à partir de Vlorë,
le charme de la côte a fait place à un chaos routier interminable.
Alternant entre chantiers, sections d'autoroutes, passant au travers
de petites villes poussiéreuses, nous avons mis près de quatre
heures à parcourir les 150 km menant à la porte de Gianluca, le
seul Couchsurfer italien de toute l'Albanie qui avait gentiment
accepté de nous héberger. Le temps d'échanger nos histoires
respectives devant un repas typiquement albanais, nous avons vite
sombré dans un profond sommeil, à deux sur l'étroit divan, exténué
par cette fin de chevauché aux allures de rallye.
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La vieille ville de Dubrovnik |
Les recherches effectuées sur notre
prochaine destination n'étaient pas très encourageantes :
Dubrovnik nous était décrite comme une destination magnifique mais
hautement avilis par le tourisme de masse.
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Dubrovnik le soir venu |
Sans doute que septembre
et le retour aux activités normales des vacanciers y était pour
quelque chose, mais la ville avait sorti tous ses charmes et nous a
tout simplement subjugué. Le sympathique croate qui louait de petits
appartements bien aménagés, situés au dessus de la vieille ville
et nous offrant une vue imprenable à partir de la terrasse, tout
était là pour nous séduire complètement. Après l'aride Tiranë
albanaise, les berges rocheuses de l'Adriatique étaient plus
qu'invitantes.
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En pleine ville, sublime... |
L'après-midi passé à lézarder sur les plate-formes
coulées à même la roche, entre deux plongeons dans la mer limpide
et la ballade de fin de soirée dans les étroites ruelles
moyenâgeuses, c'était d'un romantisme! On s'y serait volontiers
arrêté une toute petite éternité... Mais les nouveaux amoureux
que nous sommes avions rendez-vous avec d'autres paradis croates.
Parce que toute la côte croate de la mer Adriatique ressemble
étrangement à sa cousine d’azur française (en mieux?). En
partant de Dubrovnik la route qui longe la mer est un sublime
spectacle en soi. On ne se lasse pas de l'interminable serpentin qui
suit les escarpements montagneux, nous laissant admirer les îles
innombrables justes de l'autre côté. C'est à peine si nous avons
remarqué que nous avions aussi traversé, pendant quinze minuscules
kilomètres, la portion littorale de la Bosnie-Herzégovine. N'eut
été des douaniers qui ont jeté un œil affable sur nos passeport,
on aurait pas fait la différence.
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Monténégro |
L'étape suivante s'appelait Split.
Comme Dubrovnik, Split et son antique forteresse font partie du
patrimoine mondial de l'UNESCO et s'avère autant sinon plus
achalandé que l'autre. Les tarifs hôteliers , un peu surfait, nous
ont convaincu de ne pas nous y attarder plus qu'une nuitée. Malgré
l'agréable promenade piétonnière intégrée au port, nous sommes
restés divisés... En partant de Split nous avions Zadar comme dans
la mire. Nous ne nous y sommes jamais rendu. Pour la bonne raison
qu'une fois arrivé près de Vodice, dévié de notre route par un
barrage policier dût à un incendie de forêt, nous avons quitté la
route principale pour rouler sur le chemin longeant le rivage d'un
petit hameau qui nous a complètement séduit.
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Il faut bien partir... |
Tellement qu'après
avoir trouvé une jolie chambre et nous être jeté à la mer, nous
avons eut tôt fait d'avertir que nous souhaitions prolonger notre
séjour. Le 29 septembre au matin, nous plongions encore dans les
eaux calmes, turquoises, fraîches et salées de cette mer si
invitante. La maman de nos hôtes, âgée de 88 ans, les cheveux
d'argent, n'en finissait plus de nous traiter comme ses petits
enfants, à grands coups de sourires édentés, nous offrant sa plage
comme un gage de bonheur.
À partir de Zadar, l’autoroute
s'enfonçait au travers des montagnes, plongeant dans des tunnels
parfois longs de 4 ou 5 kilomètres, nous menant inexorablement vers
l'automne et Zagreb, la capitale.
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Plongeon dans la montagne |
Nous nous sommes bien promis d'y
revenir à Zagreb. Surtout qu'une fois rendu à Graz, en Autriche,
notre nouveau « chez-nous », on n'a qu'à faire un saut à
travers la Slovénie, 160 petits kilomètres! Tout juste le trajet de
Montréal à Victoriaville, mais en plus joli.
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Graz |
Et nous voilà arrivé à Graz, le
temps d'y passer deux saisons. Graz est splendidement autrichienne,
peuplée de seulement 250 000 âmes, ville très avant-gardiste, où
le vieux charme européen courtise le modernisme, où le vélo tient
le haut du pavé sur la voie publique, où les 40 000 étudiants des
trois universités insufflent un air jeune et vivant à cette modeste
métropole, bref, là où l'hiver s'annonce plutôt agréable.
Depuis notre arrivée Marina et Simon,
des amis de Deniz, s'occupent très bien de nous. Le lendemain de
notre arrivée, ils nous traînaient gravir une montagne toute
proche, par une journée extraordinairement belle et chaude pour un
2 octobre. Marina est une artiste accomplie et fut d'une efficacité
redoutable pour nous aider à trouver un logement, des amis(es),
toutes sortes d'activités et les meilleures brocantes de la ville.
Tous les collègues de Deniz font aussi des pieds et des mains pour
nous dénicher ce qui est nécessaire afin de nous installer ici
quelques mois. Ils sont d'une gentillesse et d'une célérité peu
commune. Nous sommes déjà tous deux équipés de l'obligatoire vélo.
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Marina et Simon sur la montagne |
Nous avons déniché la perle rare pour
ce qui est du logis : un magnifique trois pièces complètement
meublé style années 70-80, situé en face de la seule montagne du
centre-ville de Graz, à dix minutes à pieds du boulot de Deniz,
inondé de lumière et si tranquille, bien que tout-à-côté du
centre-ville historique. Tous les amis qui ont visité sont fort
étonné que nous ayons trouvé si vite, si bien et pour si peu.
C'est que c'est la rentrée ici! Avec tous ces étudiants qui
cherchent aussi. Nous sommes, encore une fois, les témoins et les
acteurs d'une surprenante synchronicité, d'une incessante générosité
de la vie nous offrant très exactement le nécessaire et bien
souvent plus.
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Deniz devant notre porte d'entrée... on peut rêver non? |
Alors on a même une chambre d'ami pour
inviter confortablement ceux qui auraient envie de nous rendre
visite : un petit séjour en Autriche en hiver quelqu'un?
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On vous attend tous !!! |