Il y a de ces rencontres qui arrivent comme un accident! VADABOOM! En plein cœur! Le choc nous laisse pantois pendant une période plus ou moins longue. Comme si une poutre de béton s’effondrait soudainement sur la route ;-). Et puis toutes sortes d'évènements se mettent à se bousculer au portillon et alors les petits plans sont complètement chambardés!
Patrick et moi avions décidé d'envoyer quelques demandes pour être hébergé chez un/une hôte CouchSurfer, le temps que l'ambassade d'Iran nous délivre les visas pour visiter leur beau pays. Plusieurs réponses positives et nous voilà à devoir faire un choix entre trois personnes qui semblent, à prime abord, tout aussi accueillantes les unes que les autres. Nous avons opté pour Deniz sans trop savoir pourquoi... Nous avons franchit sa porte en début d'après-midi et il faisait déjà 34°C à Ankara : pour moi la température est montée à 50° d'un coup! Deniz nous propose d’emblée d'aller faire une ballade de moto hors de la ville pour se rafraîchir un peu. À peine à une trentaine de kilomètres de la ville Patrick ne suit plus. Je roule lentement pendant un temps et quand je finis par m'arrêter, j'ai un message me disant qu'il retourne nous attendre à Ankara, qu'il a un malaise, vertiges, pas d'équilibre, conséquences d'une vieille « blessure ».
Deniz et moi poursuivîmes donc la route jusqu'à Beypazari, un petit village pittoresque au début des montagnes, à une centaine de kilomètres d'Ankara. Surpris et rafraîchit par un petit orage dont nous pouvions voir les éclairs s'approcher, nous nous sommes arrêtés dans un petit resto pittoresque de la vieille ville. Le temps aussi s'est soudainement arrêté. Nos conversations étaient tout de suite sincères, celles de deux amis de longues dates, animées de découvertes mutuelles passionnantes. En bref, une intense connexion venait de s'établir, relié comme deux pylônes d'une ligne de haute tension. C'est quand le soleil est revenu que nous avons réalisé que la pluie avait cessée depuis un bon moment déjà et que nous avions à peine le temps de rentrer à Ankara avant la noirceur, où Patrick nous attendait impatiemment.
Ce soir-là Patrick m'annonce qu'il ne partira plus avec moi : ses problèmes d'équilibre sont liés à son oreille interne qui fut endommagée dans le passé et qui rendent pour lui cette aventure impensable compte tenu des conditions routières à affronter dans certains des pays à traverser. Sans oublier de mentionner le fait que le Pakistan refuse net, pour l'instant, d'accorder des visas, même pour transiter.
Notre périple à deux s'arrête là! Il est reparti souffler un peu vers la mer Noire, à l'écart de la ville pour y attendre sa compagne avec qui il avait déjà planifié des vacances en Turquie.
Pour Deniz comme pour moi, notre rencontre était troublante, très troublante, à la façon d'un face à face à 150 km/h, un grand choc. D'un commun accord nous avons choisit de nous allouer un temps de réflexion. Mon visa pour l'Iran n'étant pas prêt avant le vendredi, j'ai mis Caliméro dans ma poche et enfourché ma Marseillaise vers une destination inconnue, roulé sauvagement à travers les montagnes, dans la boue au creux de rivières presque assèchées, à toute vitesse dans les plaines désertiques, pour ne pas sentir le tremblement intérieur à 25 sur l'échelle Richter.
J'ai abouti dans une auberge bucolique, à Safranbolu, où la tenancière m'a accueillit comme si nous avions été amis depuis de nombreuses années. J'étais épuisé, exténué. Son magnifique jardin était comme un havre de paix, son invitation à partager son repas, un autre témoignage de générosité spontanée. J'ai dormi dans la chambre confortable comme une pierre qu'on jette au fond de l'eau et qui n'en émergera que dans des siècles.
J'en ai profité pour faire quelques demandes d'hébergements sur CouchSurfer et au midi, avant de quitter Safranbolu, j'avais deux invitations : chez Sena et Grego, jeune couple très attachant et sympa comme ça se peut pas, une autre de Bengül, jeune femme dynamique avec qui j'ai passé la soirée en compagnie de ses amis(es) en assistant à un concert de jazz en plein air, avant d'aller chez Sena et Grego. Mes secousses s'estompaient doucement. Vendredi avant-midi j'avais dans mon passeport un visa me permettant d'aller visiter l'Iran pendant un mois.
Et tout à coup BAMMM! Un message de Deniz m'invitant à la revoir. Attablé dans un café ombragé, j'ai la gorge sèche, les yeux humides, les mains moites et elle me remet un petit mot qui ouvre entre nous un univers entier de possibilités, sème des haricots magiques dans mon cœur chambranlant.
Elle, a des plans, des obligations, il y a la vie qui continue. J'ai aussi des deadlines à respecter envers les autorités Turques : je suis en sol Ottoman depuis trois mois et je dois impérativement sortir du pays d'ici trois jours pour pouvoir renouveler mon droit de séjour. Elle doit se rendre à Istanbul pour une semaine afin d'y rencontrer sa famille, ses amis(es). On a fait un très long détour par des routes panoramiques pour se rendre jusqu'à Yalova prendre le traversier vers la rive européenne d'Istanbul, au coucher du soleil, sur la mer de Maramara. Plus romantique que ça, c'est dans des films qu'on voit ça...
Son compréhensif cousin Çoskun, un fervent amateur de moto, nous hébergera pour la semaine, mais je dois d'abord faire un saut hors des frontières. J'ai choisi la Bulgarie, en me disant que le poste frontière doit y être plutôt tranquille et qu'une nuit sur les rives de la mer Noires Bulgare serait des plus rafraîchissante.
J'ai littéralement avalé la superbe route des deux côtés de la frontière et le village de Tsarevo était absolument parfait pour une nuitée agréable. À une cinquantaine de kilomètres de la frontière Turque, au bout d'une petite route sinueuse couverte par les arbres, j'ai trouvé une chambre à quelques encablures de la mer, dans une communauté animée par les activités familiales estivales.
J'ai obtenu facilement et rapidement un nouveau visa de trois mois en repassant au même poste frontière que la veille, voir avec une certaine familiarité envers les douaniers.
J'étais pressé de revenir à Istanbul retrouver Deniz et nous ne nous sommes plus quitté d'une bobette depuis. Nous avons mis deux jours à revenir à Ankara en s'égarant sur les rivages spectaculaires mais bondés de la mer Noire.
Deniz, avant mon arrivée dans son décor, s'acharnait à terminer sa deuxième maîtrise, en philosophie celle-ci, sur la physique environnementale plus particulièrement. Elle s'apprêtait aussi à quitter Ankara et la Turquie afin d'aller remplir un engagement pour un ONG en Autriche, à titre de coordonnatrice volontaire rémunérée.
Et moi dans tout ça? Et bien je suis très amoureux et j'ai follement envie d'en profiter aussi longtemps que ça durera, de savourer ce présent de la vie qu'est l'amour, même au risque de souffrir plus tard.
Je n'ai pour l'instant qu'un visa me permettant de me rendre jusqu'en Iran avant de me cogner le nez sur les portes du Pakistan. Je dois donc envisager un itinéraire différent, d'autres moyen de nous rendre en Asie du Sud-Est. Je dis « nous » rendre parce que Deniz accepte/souhaite/désire poursuivre la route avec moi après avoir rempli ses engagements en Autriche. Ce qui nous donne amplement le temps de regarder toutes les options possibles tout en passant quelques mois en Europe à visiter nos amis(es) respectifs, éparpillés un peu partout dans les vieux pays. Pas du tout désagréable comme programme! J'en profiterai aussi pour me refamiliariser avec mes aptitudes à « Louer un mari », utilisant cette fois tout mon potentiel, me dévouant corps et âmes à cette entreprise...
En attendant de partir pour l'Autriche, je déguste les avantages d'être l'homme au foyer, je renoue avec la joie de cuisiner, aux plus grands plaisirs de Deniz qui peut se consacrer à sa tâche. J'ai aussi trouvé à Ankara le meilleur hammam de Turquie auquel je rend de fréquentes visites. Mes leçons particulières de Turc ont commencé. J'en serai donc très bientôt à ma quatrième langue.
N'ayez crainte, mon aventure ne s'arrête pas ici, elle ne fait que prendre un tournant inattendu. Mais n'est-ce pas là le propre de cette vie, de surprendre?
8 commentaires:
Salut mon beau Martin! Tu sais, je t'envie! Cette jeune femme a l'air très jolie et allumer. À +.
Oh! wow! Comme dans les films....de toute façon ta vie est un film Martin. Je suis vraiment heureuse de lire ton bonheur, ça aussi ça traverse les lignes. Au plaisir, profite pleinement de cette histoire d'amour que la vie t'offre et vie tout cela à fond de train.
Gros bec.
Marie Josée xxxx
Haaa! Mon snoro de Capitaine ! Tu nous montre que la vie est pleine de surprise et qu'effectivement un tremblement de coeur peut arriver à tout moment. Espoir !
Je commence à être moins occupé je t'écris bientôt en attendant de rencontrer mon tremblement de coeur personnel, bien sur ! ;-)xx
Comme tu dis Alain...moi aussi je cherche le tremblement...l'éruption
mon attaque qui viendra rehausser ma vie..comme celle de Martin comme si elle ne l'était pas assez ...déjà avec toutes ces aventures ...
LA CHANCE EST À CEUX QUI LA FONT..
«supposé José»....
je vous embrasse tous Deniz...Martin et Alain D..... hihihihi
ps. qui es-tu Alain D. moi Lucie L.
tu peux communiquer sur lucieluk@hotmail.com...
whynot!!!!!
Pendant les péripéties de nos nouveaux tourtereaux!(En passant, je savais bien que ça arriverait)
Si Deniz et Martin....se sont rencontrés ainsi ,pourquoi pas nous de cette façon!!
Voilà...
Faut juste savoir lire!
Ah que la vie est belle!
Profite de tout et salue la douce de notre part.
Roger et Elza
Ps Elza passe son examen de la SAAQ demain pour son permis moto!
Salut mon ami,
Comme ça, t'es tombé en amour...je t'avais pourtant suggéré la plus grande prudence en ces contrées dangereuses !
Non, je suis bien sûr heureux pour toi qui sait si bien aller chercher le bonheur, aussi loin puisse-t-il se trouver.
Mais...sois tout de même prudent !
Guy
Super l'Amour, n'est-ce pas Frérot! Moi aussi je suis en Amour de la tête au cheveux; l'âme, le cœur, la tête et le corps volent de concert dans cette symphonie magnifique. Nous sommes chanceux et bénis des Dieux (en même temps!!!). Je n'ai sûrement pas besoin de te dire d'en profiter et d'y goûter pleinement.
Publier un commentaire