27 juin 2011

Tête de Turc


Quand nous rentrerons à Istanbul, Lili Rose et moi aurons parcouru plus de cinq mille kilomètres sur les routes turques, emprunté des itinéraires où peu de Turcs s'aventurent, à moins d'y avoir de la famille ou d'y brasser des affaires; m'est avis qu'il y avait très peu d'affaires à y brasser, vu l'état de la route pour s'y rendre et le nombre de personne y habitant... Les âmes de ses contrées tellement oubliées, étaient si surprises de nous y voir surgir qu'on nous invitait sur le champs à prendre un thé, et en baragouinant tant bien que mal, arriver à faire comprendre d'où on venait et où on s'en allait comme ça.
C'est pour moi un des aspects les plus stimulants et les plus enrichissants du voyage, que de faire ainsi connaissance, le temps d'un thé, avec des gens si incrédule et enthousiaste à la fois, quand ils finissent par comprendre qu'on vient du « Canada »!!! en moto pour se balader dans leur patelin perdu. Quelque soit la route ou le sentier choisi, nous nous faisions un devoir d'aller voir jusqu'au bout. Cette technique nous aura permis de découvrir des lieux paradisiaques, peu ou pas fréquentés, un peu cachés pour ne pas ébruiter l'affaire, comme des trésors qu'on découvrent sans s'y attendre.
La vue de la petite cabane
Il en était ainsi de Kabak, petite bourgade nichée sur les montagnes bordant la mer, au bout de la route qui s'arrête là. Une route de 25 kilomètres dont les deux derniers ne sont praticables qu'avec un véhicule tout terrain et qui aboutit au pied de la montagne dans une baie turquoise de la Méditerrané. Là nichait au flanc de la montagne le centre Shambala. Des petites cabanes hyper confortables, musique loungy, ambiance « babacool », festin santé absolument délectable, à peine une petite heure de navigation sur une minuscule barque de pêche pour se rendre à la Vallée des Papillons : on a décrète que c'était le paradis pour deux jours!
La petite cabane
La Vallée des Papillons

La route! Toujours la route! Aller voir un peu plus loin ça a l'air de quoi. Chaque tournant nous révélant un nouveau spectacle, comme une peinture immortalisé entre les deux oreilles l'espace d'un instant. J'ai souvent l'impression que même après avoir fait le tour du monde je pourrais recommencer un nombre de fois interminables sans jamais me lasser.
Quand je quitterai la Turquie j'y aurai passé plus de trois mois. J'ai le sentiment que je pourrais aisément m'y installer quelques années. Les Turcs ont même eu la bonne idée de tenir des élections pendant notre séjour ici, histoire qu'on se sente pas trop dépaysé. C'était, par contre, la première fois que, en faisant le plein d'essence de la moto à une station de service, je me faisais inviter à prendre le thé. Et pas seulement qu'une fois! Et pas seulement le thé! Les Turcs sont incroyablement accueillants.
Résultats électoraux Turc





Après avoir glandouillé au soleil sur les côtes des mers d'Égée et Méditerrané pendant trois semaine, on avait envie de changer un peu de paysage. On est parti de Kas, où on avait rencontré Michelle, canadienne d'origine coréenne, lors d'une excursion de kayak au-dessus de la Cité Englouti, dans la bais de Kekova. 
Pause kayak à Kekova
Attablé à un petit resto à Görëme en Cappadoce, ne voilà-t-y pas Michelle qui déambule en tirant sa valise, à la recherche d'un endroit où se poser. La charmante « pansiyon » où j'avais déjà passé huit jours à mon arrivée en Turquie, m'ayant gracieusement « invité », j'ai suggéré à Michelle de se joindre à nous. Elle a été charmé par sa chambre dans la caverne à prix dérisoire. Nous y avons partagé de succulents petits-déjeuners et réinventé un monde meilleur en discutant sous la quiétude du ciel étoilé.
Amasya ses tombeaux et ses sultans
Il nous a ensuite fallu deux jours pour rallier la côte de la mer Noire, en faisant étape à Bogazkale, là où ont régné un sacré bout de temps dans la capitale d'Hattusa, la civilisation des Hittites. Et ensuite à Amasya, leurs voisins depuis 5500 Av. J-C, où on s'est offert une pause hammam bien méritée. En se rendant à Ordu, l'ancienne route serpente le long de la côte et s'infiltre dans les petits village de pêcheurs. La côte de la mer Noire est moins « touristique » que celles de ses voisines du sud et son climat normand y est pour beaucoup. La population locale y est d'autant plus chaleureuse et accueillante.
Mer Noire sur la citadelle de Sinop
Je suis sans doute aussi plus sensible aux démonstrations spontanées de générosité.
J'arrive bientôt à un moment important, charnière de ce voyage; ce sera mon premier voyanniversaire le 12 juillet. C'est donc le temps des bilans, des changements aussi. Lili Rose qui retourne dans le pays que j'ai quitté pour me trouver, me réaliser, faire une nouvelle expérience de moi-même, de ce que je suis.
Ce pays auquel je m'identifie de moins en moins vu ses choix politiques, ses positions environnementales, ses procédures touristiques honteuses envers certaines nationalités, son étroitesse d'esprit dans bien des domaines, tout cela ne correspond plus à mes aspirations, au fondement d'un monde meilleur auquel j'ai naïvement cru que mon « pays » participait.
La Turquie, bien qu'à forte majorité de confession musulman, est devenu un exemple pour les pays arabes fraîchement démocratisés. Atatürk, le vénéré fondateur de la Turquie moderne, aura su inculquer à ce peuple une vision inclusive, ouverte et laïc, de la politique contemporaine. Bon! Tout n'est pas rose et ils ont bien leurs Kurdes à l'est, mais dans l'ensemble ils s'en tirent assez bien.
C'est extrêmement plaisant de se balader en Turquie. La gastronomie turque est savoureuse, agréablement originale, bien relevée et peut même être sophistiquée.
Gastronome Turc
La variété des paysages et leurs splendeurs m'ont ébloui à maintes reprises. Pour ceux qui affectionnent les ruines et autres sites historiques, la Turquie est tout simplement extraordinaire. Il y a sans doute plus de ruines grecques ici qu'en Grèce, pour ne nommer que celles-là. Le sol de la Turquie fut le berceau de certaines des plus grandes civilisations de l'humanité, le terreau des royaumes les plus grandioses des derniers millénaires. Pas surprenant qu'ils soient si attachants!
Je ne vous parlerai pas maintenant des détails de la suite de mon voyage, mais je peux déjà vous dire que je vais faire un saut dans les Balkans, après avoir usé mon visa Turc jusqu'à la corde et avant de partir définitivement vers l'Est. Je vous garde donc plein de surprises pour mon prochain « papier ». J'me suis trouvé une « Tête de Turc »!
Lili Rose près des douches





3 commentaires:

Alain D a dit...

Je veut aller me baigner dans la petite mer bleue là, celle en bas de la cabane!! Après une journée de ménage ça ferait pas mal de bien je pense :-) !! xoxo

Guy a dit...

Bonjour Martin,

J'ai bien aimé.

Te me transmets réellement le goût d'un exil en Turquie !

Peut-être un jour...

Anonyme a dit...

Bonjour Martin
finalement c est assez tentant la Turquie....au diable alors les a priori.....
je t embrasse
Nathalie la gente dame de Normandie
ps: mais les plongées pas top....alors il me manquerait mon plus grand plaisir....!!!!