En traversant le désert de l'est, je n'avais pas idée de la profonde différence qui scinde l'Égypte et les habitants de ces deux univers que sont les rives du Nil et les côtes de la mer, Méditerrané au nord, Rouge à l'est. Bien que l'Égypte soit presqu'entièrement désertique, toute l'activité tourne autour de l'eau : les oasis dans le désert profond, le Nil qui traverse le pays, la Méditerrané et la mer Rouge pourtant d'un bleu invitant. Les bédouins sont les habitants et les maîtres du désert. Pour le reste les égyptiens s'en chargent plus ou moins heureusement.
J'avais à peine commencé à savourer l'extase contemplative que procure l'environnement sous-marin, que je faisais la connaissance d'un petit groupe de sympathiques cousins francophones avec qui j'ai eu vite fait de m'acoquiner afin de partager notre passion commune pour la plongée. Parmi ce groupe il y avait cette gente dame pour qui j'ai éprouvé autre chose que de la franche camaraderie. Disons le franchement, j'ai vivement été atteint par l'ardeur du soleil et la chaleur torride qui a régné sur cette plage magnifique, plantée de confortables tentes, qui invitaient à tous les plaisirs, sans rien sacrifier à ma discipline spirituelle. J'ai donc prolongé mon séjour autant que possible, me laissant envahir langoureusement par la tendresse et autres biens-êtres subaquatiques.
Je me suis aussi délecté de nos balades à moto au coucher du soleil, pour aller prendre un thé à la menthe dans le village de Marsa Alam. Nous y avons partagé grands et petits secrets, invitant à de plus ludiques confessions.
Je laisse votre imagination faire le reste de mon travail, mais je vous assure qu'il y avais fort longtemps que je n'avais pas été aussi épuisé: tous ces poissons à contempler!
En quittant Shagra, j'avais un sacré bout de chemin à parcourir pour me rendre là où je le souhaitais. La route qui longe la mer Rouge sur les côtes d'Égypte est un interminable défilé d'hôtels et de resorts, tous à divers stade de complétion, certains ayant même plutôt l'aspect d'abandon que de construction. Cette vision qui contraste énormément d'avec les temples pharaoniques d'une autre ère architecturale bordant le Nil, atteint un point culminant quand on s'approche d'Hurgada. Hurgada ressemble beaucoup à la Floride états-uniennes, qui devient à cette époque-ci de l'année le terrain de jeux d'un grand nombre d'européens(nes) fuyant les affres de l'hiver qui s'étire aussi chez eux.
Comme c'est une ville assez importante, j'ai pu y trouver deux ou trois petits trucs plus difficile à trouver dans les petits villages côtiers que j'affectionne. J'y ai donc séjourné une nuit avant de pousser ma Marseillaise jusqu'à Suez, ville industrieuse et ennuyeuse située à l'embouchure du canal qui porte son nom. Là aussi une seule étape nocturne dans le seul hôtel potable de la ville, mais à un tarif usurier comparativement au reste du pays. Au matin j'ai filé jusqu'au tunnel qui permet de traverser au Sinaï en passant sous le canal. Le Sinaï est une grande péninsule pour laquelle les égyptiens et les israéliens se sont longtemps fait la guerre. L'histoire du canal de Suez est fascinante et le trafique maritime incessant fait qu'il génère un important revenu pour l'Égypte. Les accès au tunnel sont donc sous haute surveillance militaire. De l'autre côté, la route longe le golfe de Suez jusqu'à la pointe de la péninsule, là où se trouve Ras Mohamed, un superbe parc national dont le littoral est protégé afin de sauvegarder les splendeurs sous-marines qui en font un attrait touristique incontournable.
Je me suis arrêté quelques jours à El Tor, dernière petite ville à moins de cent kilomètres de là. Il y a, à El Tor, un petit hôtel attenant à un centre de planche à voile et de kite-surfing. L'hôtel est situé sur une presqu'île de sable qui s'avance dans le golfe, créant une petite baie peu profonde, un lieu idéal pour la pratique de ces activités. J'ai eu vite fait d'y prendre mes petites habitudes avec ces gens sympathiques et accueillants, très loin du harcèlement touristique d'usage ailleurs en Égypte, et d'y faire une pause très agréable. En quittant El Tor j'avais opté pour la route qui traverse le Sinaï de part en part, à travers le désert de pierre. Un peu plus de deux cents kilomètres au creux des montagnes, un spectacle époustouflant.
C'est dans ce paysage que Dieu aurait supposément écrit une note de service pour l'humanité et l'aurait remise à Moïse. Cet endroit demeure un des grands lieux saint pour les hébreux, catholiques et musulmans de ce monde et Dieu y conserve un centre de service important : le monastère de Ste-Catherine, le mont Sinaï et le buisson ardent s'y trouvent. Au bout de cette route j'arrivai à Dahab. Dahab a longtemps été un village de hippies, de backpackers mais surtout de plongeurs. Malgré un développement important Dahab a su gardé un certain cachet et recel encore certains des sites de plongée les plus réputés, dont le Blue Hole tristement célèbre pour le nombre de têtes brulées qui s'y sont noyées. Mais quel endroit fascinant! À peine à quelques mètres du bord, un trou de vingt-cinq mètres de diamètre par deux cents mètres de profond, un gouffre au parois ornées de coraux et habitées d'une vie sous-marine très colorée.
Le village de Dahab est axé sur une longue promenade piétonnière bordée de restos, d'hôtels de toutes catégories et de centres dédiés aux activité sous-marine, qui longe la rive du golfe d'Aqaba sur une dizaine de kilomètres. Le golfe n'est large que d'une quinzaine de kilomètres et on aperçoit, par temps clair, l'Arabie-Saoudite juste en face.
Je m'y suis accroché les pieds et je repousse à chaque jour le moment d'en partir. J'ai déniché un endroit très très agréable : la mer est à 25 mètres en face de ma chambre avec terrasse, j'y fais de la plongée extraordinaire quand bon me semble et il y a un petit resto asiatique, à la cuisine absolument exquise, à distance d'une petite marche digestive. Que demander de plus à la vie?
Mais toute bonne chose ayant une fin, je me dois de reprendre la route si je veux être arrivé à Istanbul à la fin mai pour retrouver ma fille adorée. J'ai encore à parcourir la Jordanie, m'arrêter à Petra, faire un saut à Beyrouth au Liban, traverser la mouvementée Syrie et presque toute la Turquie avant d'y être.
J'ai donc pris le temps de bichonner ma Marseillaise et réussi à convaincre Caliméro qu'on allait voir encore pleins d'autres endroits fabuleux. On s'est entendu pour partir dimanche.
P.S. Encore merci à tout ceux qui m'ont envoyé, un mot, une carte, une pensée à l'occasion de mon anniversaire. Mon cœur reste rempli de gratitude par tant de souhaits heureux. Pour les autres, c'est pas grave je vous aime pareil...
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