Je me suis échoué à Paris comme un frêle esquif un peu ébréché. Le petit appartement de Fred et Lulu, situé à Chaville (environ 20min. au sud-ouest du centre de Paris) m'a immédiatement paru hospitalier. J'avais besoin d'un peu de chaleur humaine et de sécurité. De m'accorder encore un peu de temps pour réparer mon épaule. Durant les sept jours que j'y suis resté je ne suis allé à Paris que deux fois. Fred m'avait recommandé d'emprunter la route qui longe les quais de la Seine pour m'y rendre et en revenir; c'était absolument magnifique! J'ai aussi pris le temps de bien réparer ma valise de moto endommagée par ma chute; ça m'a donné l'occasion de bizouner un peu mécanique; ça aussi ça fait du bien...
Mes hôtes avaient prévu un BBQ avec plein d'amis(es) le lendemain de mon arrivé chez eux. J'ai donc rencontré un paquet de gens très sympathique, dont Catherine, Pierre et Sarah, les voisins d'en haut. Sans oublier Pervenche avec qui je partageais la chambre. Elle était venu faire un stage de quatre jours pour son travail. Jolie et très liante, on est devenu bon copain dès le premier soir: ne vous faites pas d'idées, elle a un chum et deux enfants. Et je compte bien faire leur connaissance lorsque je passerai près de chez eux.
Il a commencé à faire un peu froid dans la région parisienne (+ou-15°, je sais, je suis frileux...). J'ai pensé qu'il serait sage de partir un peu plus vers le sud. Sans compter que je ne voulais pas abuser et m'incruster chez ces gens si accueillants. En planifiant mon itinéraire avec Fred, j'ai opté pour me diriger vers le nord de l'Italie et de rendre visite à Rosetta, ma professeure de première année (le premier amour de ma vie!) avant qu'il ne soit trop tard; déjà septembre et Rosetta y sera jusqu'à la mi-octobre. Pourquoi pas en faisant un détour par Chamonix, à travers les Alpes?
Je n'aurais pu choisir un meilleur jour pour quitter Paris! J'ai d'abord dit au revoir à Lulu, qui partait travailler, puis à Fred qui m'a si gentiment aidé à réparer Fraülein et planifier mon itinéraire. L'air était frais. On ne voyait, dans le ciel d'un bleu immaculé, aucun nuage d'aussi loin que le regard pouvait porter. Tel un chevalier moderne, bardé de cuir, j'enfourchai ma monture, pétaradante et bien lestée, pour m'élancer vers les plus hauts sommets qui jouxtent la Suisse et l'Italie. Mon objectif : LE Mont-Blanc, afin de voir comment c'est là-haut.
Après plusieurs heures de plaines et de champs à perte vue, le paysage s'est lentement transformé en vallées flanquées de petits villages du millénaire précédent, étonnamment déserts. Comme si on avait abandonné toutes tâches sur le champs et fermé les volets de ces maisons presque médiévales. Bitume en moins, ne manquait que les chevaux pour y croire. Les grandes machines agricoles venaient, de temps à autre, me rappeler notre époque industrieuse.
De toute la journée, aucun nuage n'est venu traverser le plafond bleu qui remplissait mon horizon. J'ai traversé des vallées tapissées de vignes, aux noms qui résonnent encore dans mon palais d'un passé brumeux. Au sortir de certaines collines surgissait des châteaux dont j'avais un vague souvenir d'avoir déjà vu l'étiquette. C'est une chance pour la France que je n'éprouve plus de désir pour ces nectars pernicieux pour moi.
J'ai d'abord fait escale à Autun, puis à Annecy le lendemain. Annecy est une ville magnifique au pied des Alpes, construite autour d'un superbe lac aux eaux limpides, alimenté par des sources qui descendent des montagnes.
Dès Autun la route était particulièrement amusante. Je suis parti tôt et j'ai roulé le casque ouvert pour bien sentir l'air frais matinal . C'était vivifiant après une semaine parisienne. Et puis graduellement c'est devenu complètement grisant de rouler sur ces petites routes au creux ou au sommet de ces montagnes vertigineuses, en petits lacets qui longent une rivière, ou qui grimpent un flanc abrupte: une expérience de moto hors du commun. J'en ai mouillé mes shorts! Et puis VLAN! On débouche sur une vue du Mont-Blanc. Grandiose! Ces sommets encore enneigés (la neige ne me manque pas du tout...loin de là!) plus grands que nature; veut/veut pas c'est émouvant. Et puis Chamonix, c'est un peu beaucoup touristique, mais on comprend aisément pourquoi: c'est BEAU! Partout où on tourne la tête il y a des montagnes si hautes que les petits nuages peuvent s'y accrocher. J'en ai profité pour m'installer à une terrasse avec la vue :
Alors tant qu'à être dans un des plus beaux endroits en Europe, je me suis bêtement dit «pourquoi pas en profiter un peu». Et je me suis lancé à l'assaut des plus hauts sommets de cette partie de la planète. Sauf que je fais de la moto depuis presque deux mois et ça doit bien faire quelques années que j'avais pas marché en montagne, à 2000m d'altitude, pendant six heures consécutives. J'étais un peu racké le lendemain matin! Me suis dis qu'une autre petite marche sur le flanc opposé au Mont-Blanc, terminerait bien mon entraînement. Six heures plus tard et 14 kms plus loin, après avoir descendu 1200m de dénivelé ben ça fait pas moins mal. J'ai fait le plein d'air frais, bu de l'eau glacial qui sort de la montagne, entré dans une grotte creusée à même le dernier glacier existant à cette hauteur, bref je suis exténué, bien bronzé, mais complètement béat.
En partant pour l'Italie demain je vais emprunter le tunnel qui traverse cette fabuleuse montagne; 25 minutes de route environ et je serai en Italie en passant en DESSOUS des Alpes. C'est tu pas merveilleux ! Premier escale; Milan!
8 commentaires:
Salut Martin,
De mon point de vue (ex-motard), voici la partie de ton voyage qui m'est apparue la plus passionnante et qui me fait vraiment envie (exception faite de la randonnée pédestre...).
Lâches pas mon ami !
Martin, mon cher Martin, dans un 1er temps ton écriture est vraiment quelque chose, tiens je viens de trouver à l'instant même de ce qui me passionne dans tes écrits, tu es un RACONTEUR c'est ça tu es un RACONTEUR. Mais mis à part le raconteur, il y a le voyageur, et j'entends très bien la voix du voyageur dans tes écrits. Je suis heureuse pour toi Martin que tu puisse avoir accès à tant de beauté, le monde est grand pour les petites personnes que nous sommes n'est-ce pas? En tout cas quand je te lis c'est ce que je constate. Donc j'attends la suite après que tu sois passé sous les Alpes et que tu nous parles de l'Italie. Continue de faire attention à toi, ton épaule. Savoure pour nous ce voyage si magnifique que tu fais. Grosse bise, Tendresse, Marie Jo xx
Martin, mon cher Martin, dans un 1er temps ton écriture est vraiment quelque chose, tiens je viens de trouver à l'instant même de ce qui me passionne dans tes écrits, tu es un RACONTEUR c'est ça tu es un RACONTEUR. Mais mis à part le raconteur, il y a le voyageur, et j'entends très bien la voix du voyageur dans tes écrits. Je suis heureuse pour toi Martin que tu puisse avoir accès à tant de beauté, le monde est grand pour les petites personnes que nous sommes n'est-ce pas? En tout cas quand je te lis c'est ce que je constate. Donc j'attends la suite après que tu sois passé sous les Alpes et que tu nous parles de l'Italie. Continue de faire attention à toi, ton épaule. Savoure pour nous ce voyage si magnifique que tu fais. Grosse bise, Tendresse, Marie Jo xx
La lumière semble magnifique: tout ce bleu et ce blanc qui pète l'écran ! Ça me fait envie.
Tu vois, en ce moment je dois pondre un texte de 550 mots pour mon cours d'anglais, et laisse-moi te dire que cette chronique NE M'AIDE PAS DU TOUT!
Bonne ride sous les alpes ;)
bécoXX
Wow! c'est merveilleux...
Vraiment, Caliméro est charmant, à comparer du gars avec un manteau rouge :) Ça doit être vraiment grandiose. On doit se sentir petit dans ces montagnes.
L'altitude stone, tu ne le savais pas? Moi je suis intoxiquée ben raide et t'envie d'avoir marché dans les Alpes, c'est super méga extra!! xx
Hey, I am checking this blog using the phone and this appears to be kind of odd. Thought you'd wish to know. This is a great write-up nevertheless, did not mess that up.
- David
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