Bouquinerie

Ce n'est pas une page que je viens de tourner, mais un livre que j'ai refermé. Tellement de temps a passé depuis ma dernière chronique! Il fallait bien laisser la vie s'occuper de moi et moi de finaliser cette étape cruciale.
J'ai réussi à vider cette gigantesque maison de tous les biens que j'y avais entassé depuis tant d'années. J'ai regardé mon passé se trouver un avenir chez mes amis(es). Merci encore à vous tous qui avez généreusement accueilli les trésors de mon ancienne vie.
J'ai remis aujourd'hui les clefs de la maison à la nouvelle famille qui a choisi de l'animer. Je deviens soudainement le SDF (Sans Domicile Fixe) le plus heureux du monde, sans aucun regret, aussi libre et insouciant qu'une grenouille prête à plonger dans l'étang. Taïaut! Banzaï! Attention je saute...
J'me sens un peu vidé, mais tellement léger! Plus aucune dette, plus qu'un seul compte à payer à la fin du mois, plus de liste de projets à faire sinon celle que je m'invente à chaque matin, fraîche et diaphane. Pas même besoin de prévoir le coup; qu'il vienne dont s'amortir dans ma gueule tout sourire. Les aléas de la vie prennent doucement des proportions anodins. Bon! Assez de béatitude! J'ai tout de même une expédition peu commune à organiser.

Et à ce sujet, j'ai déjà plusieurs morceaux qui s'emboîtent. Je vous annoncent donc que le grand saut aura lieu le 12 juillet à 19h55 depuis l'aéroport montréalais anciennement connu sous le nom de Dorval, mais qu'on a aujourd'hui choisi d'appeler un PET. Le débarquement aura lieu chez les boschs, à Francfort très précisément, si le zinc d'Air Banana réussit à m'y parachuter. C'est là que j'enfourcherai ma fidèle monture qui aura été auparavant introduite en douce par la filière asiatique de Mlle Lilly. Mlle Lilly est une chinoise redoutablement efficace qui fait dans l'import/export.

Jusqu'au jour J, je me suis planqué chez ma vieille amie Nathalie. Pas vieille au sens de agée mais bien parce que ça fait 30 ans qu'on continue de se connaître et de s'aimer quand même. Son chat ne vient d'ailleurs me frôler que pour obtenir son déjeuner.
J'ai pas encore complètement assimilé mon nouveau statut et j'ai plutôt l'impression d'être en visite. Je vais devoir m'y habituer puisque c'est ce qui m'attend pour de nombreux mois à venir.
Je vous avouerai que, pour l'instant, je ne sais trop où j'en suis côté émotion; tout ce passe dans la sérénité, l'acceptation et la joie.
Bon! je vous demande pardon pour le long silence, mais vous aller peut-être me supplier d'arrêter mon délire une fois que je serai parti, alors profitez-en!

À très bientôt